Qu'est-ce que la Méditation ?
« Grâce à une pratique régulière de la méditation, le mental devient plus clair et les motifs de l’action plus purs. L’esprit subconscient libère des connaissances cachées qui permettent de mieux comprendre sa relation au monde. La personnalité, le Moi, limités, se dissolvent lentement dans une conscience plus étendue. Finalement, la supra-conscience ou forces intuitives sont libérés, amenant une vie de sagesse et de paix… »
Swami Vishnu-Devananda
La méditation est au centre de la pratique du yoga. C’est à la fois son instrument principal et sa destination ultime.
La méditation est une tradition universelle qui est née plusieurs milliers d’années avant l’arrivée de la civilisation contemporaine, et qui a survécu, inchangée, tandis qu’elle a passé de génération en génération. Elle a perduré dans sa forme originelle parce que, à l’intérieur d’un cadre simple, se trouvent les principaux enseignements et principes qui constituent la substance de toutes les philosophies, religions et disciplines connues. La méditation est par définition transcendantale, et ce mot souligne la beauté de cette pratique, dans laquelle toutes les peurs, désirs et émotions négatives sont abandonnés.
Nombreux sont ceux qui viennent à la méditation non pas parce qu’ils souhaitent se retirer dans une grotte dans les Himalaya, loin de la foule et de la civilisation, mais parce qu’ils se sentent insatisfaits et vides, parce que le stress, l’anxiété, la frustration et la dépression jouent dans leur vie un rôle beaucoup plus large que celui qu’ils aimeraient leurs voir jouer. Ils se rendent compte qu’il y a en eux une inquiétude, une absence de repos, une insatisfaction dans leur vie de tous les jours, et ils ont l’idée vague que leur quête de bonheur, de la paix et du contentement requiert une autre approche que celle qui est offerte par la société occidentale. Ils ne sont peut-être pas très sûrs de ce que la méditation peut faire pour eux, mais ils savent qu’elle promet de soulager les tensions et la fuite en avant de la culture technologique d’aujourd’hui.
La méditation apporte ce soulagement et bien plus. Elle nous enseigne qu’il existe en chacun de nous un sentiment de force, d’énergie, de paix, une sagesse dans lesquels nous pouvons puiser une fois que nous les savons disponibles. Cette force intérieure nous inspire, nous donne courage, nous renforce, et donne de la force à ceux qui cherchent à évoluer dans une direction positive. Il se peut que vous ne connaissiez pas cette ressource intérieure, ou que vous ayez des idées fausses à son sujet. Il se peut que vous soyez comme le fermier indien de l’anecdote, qui avait déménagé en ville et vivait dans l’obscurité parce qu’il ne savait pas à quoi servaient ces étranges boîtes en plastique blanc sur le mur. La force, la lumière, est là et à la portée de tous ; il n’est besoin que de se connecter à son courant. Cette source de sagesse est le Soi. Le Soi n’est ni le corps individuel, ni le mental, mais cet aspect au plus profond de chacun de nous, qui connaît la vérité. Il existe dans chaque être et pourtant il existe aussi indépendamment. Certains l’appellent Conscience cosmique, Esprit Saint, Esprit universel, Amour, la paix qui surpasse toute compréhension, l’Absolu ; d’autres l’appellent la nature de Bouddha, le Christ, Allah, Brahman, Dieu … Nombreux sont les noms et les voies pour l’atteindre, mais il existe une seule essence suprême qui imprègne toute vie. Ce Soi est impossible à comprendre avec le mental rationnel.
Il n’y a aucune façon de définir intellectuellement ou de décrire ce qui est sans limites, infini. C’est par l’expérience directe seule que cette essence suprême peut être connue. C’est par la pratique de longue haleine de la méditation que nous pouvons faire taire le mental bavard, extraverti, que nous pouvons développer nos capacités d’intuition, et atteindre cette partie de l’essence suprême qui réside en tout ; ce processus amène avec lui la paix, la compassion, la joie intérieure, et la compréhension. Le yoga compare l’esprit à un lac, à la surface duquel les vaguelettes disparaissent, la surface du lac devient totalement calme et lisse, et c’est alors que nous pouvons admirer les précieux joyaux qui reposent dans toute leur splendeur en son fond.
“Mes amis, c’est à travers l’établissement de la merveilleuse clarté de l’attention que vous pouvez vous libérer de l’emprise du passé et du futur, surmonter l’attachement et la haine, abandonner toute appréhension et angoisse, et éveiller la liberté inébranlable du cœur, ici, maintenant…” Bouddha
La première leçon que nous apprenons lorsque nous entamons le processus de méditation – car il s’agit bien d’un processus – est d’observer notre propre mental. C’est une rude tâche pour de nombreuses personnes. La psychologie occidentale nous apprend à observer la façon dont les autres pensent et se comportent afin de comprendre comment notre propre mental fonctionne. Au contraire, la tradition du yoga énonce clairement que nous devons laisser les autres tranquilles et nous concentrer uniquement sur nous-mêmes. Le yoga enseigne que pour trouver la paix nous devons d’abord travailler à cette paix en notre for intérieur.
Lorsque nous tournons notre regard vers l’intérieur, que trouvons-nous ?
Nous trouvons un mental en constante conversation avec lui-même, sautant d’une pensée à l’autre, d’une émotion à l’autre, pris dans un tourbillon incessant, fuyant ceci ou recherchant cela, et qui nous enlève la capacité à nous concentrer et à trouver le calme. Nous cherchons la paix mais notre quête erronée nous fait chercher à l’extérieur de nous-mêmes, et voilà que nous avons recours aux drogues et aux médicaments, à l’alcool, au tabac, à la télévision, à la nourriture, au sommeil ou au travail forcené dans l’espoir de faire enfin taire notre mental. Nous nous retrouvons inconsciemment piégés dans un cercle sans fin de désirs, nous éloignant toujours plus de notre but, la paix.
On a dit et écrit beaucoup de choses sur la méditation, et pourtant cela prend des années pour comprendre sa vraie nature. On ne peut pas enseigner la méditation, de même qu’on ne peut enseigner le sommeil. Nous avons un matelas confortable, une chambre bien chauffée, le silence, et pourtant le sommeil nous fuit parfois. Personne n’a le pouvoir de forcer le sommeil à venir. Il nous prend soudain, voilà tout. De la même façon, la méditation vient d’elle-même, mais seulement lorsque le mental est calme et stabilisé. Acquérir le calme mental requiert une pratique quotidienne car cela ne va pas de soi. Une fois que nous avons appris à concentrer l’esprit pour un certain temps, à apaiser les vagues de pensées, les conditions seront réunies et l’état méditatif viendra sans effort. La pratique de la concentration est un pré requis essentiel à la pratique de la méditation.
Lorsque nous commençons à méditer, la plupart d’entre nous auront de sérieuses difficultés à concentrer notre mental et à rester positifs. Il se peut que nous souffrions de dépression ou que nous soyons épuisés par un mode de vie déséquilibré. Il faut donc pour commencer que nous nous efforcions de nous tirer petit à petit de cet état négatif. Peu à peu nous réajustons nos habitudes, ce qui permet au système nerveux de se calmer et progressivement nous développons une vision claire et positive de notre vie. De cette façon nous retrouvons le contrôle de notre mental, et nous développons graduellement la capacité à rassembler les rayons épars de l’esprit et à les concentrer sur une seule pensée positive.
La méditation permet de nous éloigner des états d’esprits malsains et peu gratifiants, pour nous amener à un état d’esprit qui est plénitude, profondeur et joie. Le chemin est long et offre des obstacles qui requièrent patience, persévérance et ténacité.
Au début nous ne nous rendons pas bien compte de notre résistance interne au changement, car elle est profondément enracinée dans notre mental. C’est seulement lorsque nous commençons à faire le ménage que nous remarquons à quel point une pièce était en désordre, et il en va de même avec le mental. Il se peut que nous ne voyions pas l’épaisse couche de poussière qui s’est accumulée en nous ; et lorsque nous commençons le doute peut alors nous assaillir. Ce doute est un tour que nous joue le mental afin que nous abandonnions la pratique pour retourner à un état d’inconscience, mais les maîtres nous conseillent de ne pas y faire attention. Ils nous pressent de redoubler d’énergie et de continuer – la méditation doit devenir partie intégrante de notre vie, aussi nécessaire que la nourriture ou le sommeil. Ils nous demandent de croire leur promesse qu’il est possible d’exercer l’esprit à rassembler son énergie, et à la tourner vers l’intérieur pour illuminer les profondeurs du Soi et atteindre la pleine conscience de nous même et du sens de notre vie. La méditation nous amène à la perception de notre être véritable, un état de relaxation complète et spontanée, d’innocence et de félicité.
“Si vous avez le temps d’être attentif, vous avez le temps de méditer…” Ajanh Chah
Quelques points concernant les étapes et les techniques de méditation :
1 La régularité de l’heure, du lieu et de la pratique est très importante. La régularité conditionne le mental à ralentir son activité en un minimum de temps. Il est très difficile de concentrer le mental qui veut sauter de-ci delà dès que l’on s’assoit pour la méditation. De même qu’un réflexe conditionné est une réponse à un stimulus extérieur donné, le mental s’apaisera plus vite si l’heure et le lieu de la pratique sont réguliers.
2 Les moments les plus propices sont l’aube et le crépuscule, quand l’atmosphère est chargée d’une énergie spirituelle particulière. Le meilleur moment est Brahma-muhurta, entre 4 et 6 heures du matin. Pendant ces heures paisibles après le sommeil, le mental est clair, et pas encore perturbé par les activités de la journée. Reposé et libéré des soucis quotidiens, il peut être facilement dirigé et la concentration vient sans effort. S’il n’est pas possible de pratiquer la méditation à cette heure, choisissez un moment où vous n’êtes pas engagé dans les activités quotidiennes, où votre mental sera prêt à s’apaiser. La régularité est ce qu’il y a de plus important.
3 Essayez de réserver une pièce spéciale pour la méditation. Si c’est impossible, isolez une partie d’une pièce et ne laissez personne d’autre y entrer. Vous devriez réserver cet endroit à la méditation et le garder vierge de toute autre vibration. Vous pouvez y brûler de l’encens matin et soir. Le point clé de la pièce sera une image de la déité que vous avez choisie ou d’une figure qui vous inspire, avec votre tapis de méditation placé devant. Plus vous méditerez ici, plus les vibrations positives qui se dégagent de la méditation s’accumuleront dans la pièce. Après six mois, vous ressentirez la paix et la pureté de l’atmosphère et son aura sera magnétique. A des moments de tensions, vous pourrez vous asseoir dans cette pièce et vous trouverez paix et réconfort.
4 Asseyez-vous face au Nord ou à l’Est, afin de profiter des vibrations magnétiques favorables. Prenez une posture stable et confortable, le dos droit et la nuque détendue. Cela aide à calmer le mental et favorise la concentration. Le courant psychique doit pouvoir circuler sans obstacles depuis la base de la colonne vertébrale jusqu’à la tête ; ceci est très important. Il n’est pas nécessaire de croiser les jambes en Padmasana, la posture du lotus. Prenez une posture confortable avec les jambes croisées. Cette posture assure une base ferme pour le corps et un circuit triangulaire pour le trajet de l’énergie qui doit être canalisée et non dispersée dans toutes les directions. Le métabolisme, les vagues du mental et la respiration ralentissent à mesure que la concentration s’approfondit.
5 Avant de commencer, donnez l’ordre à votre mental de rester calme pendant un temps donné. « Dites-vous que vous êtes là pour entrainer et éduquer votre esprit au calme et non pour réfléchir ou faire des projets. Oubliez le passé, le présent et le futur. »
6 Régularisez votre respiration. Commencez par cinq minutes de respiration abdominale profonde pour amener l’oxygène au cerveau ou faites un pranayama (exercices de respiration). Puis ralentissez-la jusqu’à la rendre imperceptible.
7 au début, laissez votre mental errer. Il sautera d’une idée à une autre, mais se concentrera finalement en même temps que le prana, l’énergie vitale.
8 Ne forcez pas votre mental à s’apaiser. Cela entraînera de nouvelles vagues de pensées qui gêneraient la méditation. Si le mental persiste à vagabonder, dissociez-vous de lui et observez-le, comme si vous regardiez un film. Peu à peu, il s’apaisera.
9 Choisissez un point de concentration sur lequel, comme un oiseau qui cherche un appui, le mental peut se reposer quand il est fatigué. Pour ceux qui sont plutôt intellectuels, l’objet de concentration devrait se visualiser dans l’espace entre les sourcils. Pour ceux qui sont plutôt émotionnels, ce point sera le plexus cardiaque. Cela pourrait être aussi l’endroit où vous percevez le mieux le passage de l’air (au bord ou à l’intérieur des narines, entre les yeux, au niveau de l’abdomen…) Ne changez plus ensuite de point de concentration.
Avec la pratique, la dualité (sujet/objet) disparaît et on atteint le Samadhi ou état supraconscient. Ne vous impatientez pas car cela demande beaucoup de temps.
Dans le samadhi, on demeure dans un état de béatitude où celui qui connaît, la connaissance et l’objet connu ne font plus qu’un. C’est l’état supraconscient qu’atteignent les mystiques de toutes religions et de toutes les croyances
Commencez par pratiquer la méditation pendant vingt minutes, puis augmentez jusqu’à une heure.
Conseil pratique :
Prenez la résolution d’essayer la pratique de la méditation pour six mois. Décidez d’un moment pour votre pratique quotidienne et essayez de vous y tenir. Ayez le sentiment qu’une nouvelle aventure excitante commence : vous allez embarquer pour le plus fascinant et le plus stimulant des voyages, un voyage qui vous ramènera à votre vrai Soi. Célébrez donc cette occasion et exprimez votre gratitude que ce désir et cette inspiration vous soient venus. C’est une bénédiction que d’être motivé pour vouloir élever sa vie et ouvrir sa conscience.
Tenez un journal spirituel pour suivre vos progrès : notez à chaque fois pendant combien de temps avez-vous médité, quelle était la qualité de votre concentration, quelles pensées vous ont le plus troublé, et quelles sont les autres difficultés que vous avez rencontrées.
Après quelques mois de pratique, prenez le temps de considérer quels changements la méditation a apporté dans votre vie.
Réfléchissez aux autres changements positifs que vous pouvez pourriez introduire dans votre vie : peut-être pouvez-vous améliorer votre alimentation, passer moins de temps devant la télé, vous lever un peu plus tôt, faire vos asanas ou du sport régulièrement, ou passer plus de temps dans la nature…
Vous vous rendrez compte que pour changer son caractère il faut changer sa façon de voir les choses, et non pas seulement changer d’environnement. Pensez qu’il est nécessaire de cultiver des pensées plus élevées.
A ce moment dans votre pratique, vous ressentirez certainement le besoin d’avoir recours à l’aide directe d’un professeur. Devenir petit à petit plus conscient de ses habitudes mentales est une tâche difficile. Trouver en soi assez de courage, d’humilité, et de détermination pour les changer requiert l’aide et les encouragements d’un pratiquant expérimenté.
Souvenez-vous toujours de la « triple formule secrète » de Swami Sivananda pour atteindre le succès dans le yoga et la méditation : « pratiquez, pratiquez et … pratiquez ! »
Puisse la force intérieur, l’inspiration et la joie accompagner votre chemin.
Puisse la bénédiction des yogis anciens et modernes être avec vous.
Om Shanti Om Paix